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La Tour du Canourgue - En Cévennes

Départ à 13,5 Km  |  Boucle de 1,5 Km
                                     MOLEZON

Source : Plaquette du Parc National des Cévennes - Florac 2007 
Version IMPRIMABLE -> PDF

Les fouilles archéologiques entreprises à la tour du Canourgue ont permis de démontrer qu’il s’agissait du donjon d’un château vraisemblablement abandonné à la fin du XIVème siècle ou au début du XVème. Il s’y adossait, hors fortification, tout un ensemble d’habitat dont les ruines sont actuellement effacées par la végétation.


Départ sentier :

D. 983 entre Barre-des-Cévennes et Pont-Ravagers (Molezon)-Parking impératif dans les aires de stationnement.

 GPS:  
  • rechercher >> Le Plantier Molezon
  • 44°12'26.7"N  |   3°41'05.2"E
  • 44.207417   |    3.684778

Durée : 1h 30 (1,5 km)
Difficulté moyenne mais, compte-tenu du terrain, le sentier n’est pas recommandé aux personnes qui éprouvent des difficultés à marcher

Attention : sentier escarpé avec passages glissants par temps pluvieux.
Tenir les enfants par la main.

Démarrant par une montée à travers un bois de chênes verts, le sentier permet de découvrir plusieurs panoramas qui s’ouvrent sur l’ensemble de la Vallée Française

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Gîtes en Cévennes - Tour du Canourgue

 

Point 1 - Le paysage de la haute Vallée Française

Depuis ce point d’observation, c’est essentiellement la partie la plus haute de la Vallée Française que l’on peut découvrir. On remarquera notamment, au fond de la vallée, le temple de Molezon et la tour de Biasses. Vers l’ouest, l’horizon est borné par un plateau calcaire : la can de l’Hospitalet. Ce petit causse marque l’une des avancées des mers du secondaire qui ont recouvert en grande partie le vieux massif schisteux des Cévennes.
La Vallée Française ou anciennement “Val Francesque” constitue l’élément central d’un système de trois vallées cévenoles parallèles (Vallée Longue au nord-est et Vallée Borgne au sud). Si le nom des deux autres vallées s’explique facilement, celui qui nous concerne ici prête à interprétation. Une légende, bien enracinée dans la tradition, raconte que sous le commandement de Roland, preux de Charlemagne, cette vallée aurait résisté à l’invasion sarrazine et serait restée franque. D’autres hypothèses évoquent une vallée exemptée du paiement de certains impôts (vallée “franche”). Il semble plus vraisemblable que la Vallée française soit une avancée franque en Septimanie wisigothique (Vème, VIème siècles), suite aux divisions qui suivirent l’éclatement de l’empire romain sous la pression des peuples dits “barbares” (Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Burgondes…).

 

Point 2 - Aperçu sur la tour du Canourgue

Les désordres architecturaux, dus à l’usure du temps autant qu’aux prélèvements de pierres, ont bien failli avoir raison de cet impressionnant monument qui se dresse depuis des siècles à l’extrémité d’un promontoire rocheux. Les efforts de sauvegarde entrepris dans les années soixante par quelques bénévoles amoureux des Cévennes avaient permis de prolonger la vie de la tour sans pour cela la sauver définitivement. Le Parc national des Cévennes l’a achetée en 1990 pour en faire un des éléments de L’Ecomusée de la Cévenne, procédant à sa restauration complète l’année suivante. Les chênes verts qui se trouvent à proximité de ce point cachent en partie un ensemble de terrasses, traces d’une ancienne activité agricole.

 

Point 3 - Le hameau du Plantier

Vraisemblablement aménagé, après l’abandon du site fortifié, au XVIème siècle, le hameau du Plantier correspondrait à une époque de forte expansion démographique et de développement majeur de la châtaigneraie. Le toponyme “Le Plantier” correspond à un lieu défriché sur lequel on a effectué une plantation. Suivant les époques, la nature des essences varie : vigne, mûrier, châtaignier...

L’encadrement des ouvertures des bâtiments (fenêtres, portes), à la différence des murs et des couvertures constitués de schiste, est fait de pierres de fraidonite (appelé aussi kersantite ou “granite noir”) et de calcaire. Le premier de ces matériaux d’encadrement pourrait provenir de filons proches de la rivière ou de la proximité de Témélac, tandis que le second aurait pu être extrait près du Pompidou. Parmi les éléments architecturaux remarquables : une belle aire à battre les céréales, faite de grandes dalles de schiste. Les pierres en saillie de son mur de soutènement sont percées pour recevoir les pieux de bois sur lesquels on tendait des sacs destinés à récupérer les grains projetés hors de l’aire pendant le battage.

 

Point 4 - La source

Cette petite construction protège un élément vital de première importance pour les habitants du Plantier et leurs animaux: une source. L’eau de pluie ruisselle, pour l’essentiel, sur les bancs de schiste imperméables. Quand il arrive, par bonheur, que l’eau trouve un chemin entre les couches de cette “pâte feuilletée” qu’est le schiste et qu’un pendage favorable la conduise à sourdre dans une pente, elle constitue une source qui permettra éventuellement une implantation humaine permanente.

L’eau, sous forme de déluges torrentiels, peut causer des dégâts considérables lors des orages d’automne et de printemps. Afin de lutter contre ce risque permanent d’érosion, les Cévenols ont posé des pierres de chant sur le sol des principaux chemins (“calade”) et ils ont aménagé des drains périphériques aux lieux habités ou aux parcelles cultivées pour évacuer les eaux de ruissellement (les “trincat” souvent confondus aujourd’hui avec les chemins). On peut observer ces deux techniques ici.

 

Point 5 - La yeuseraie

La présence actuelle d’un bois de chênes verts (ou yeuseraie, “elzière” en occitan) comportant des arbres d’assez belle venue ne doit pas nous faire penser qu’il en a toujours été ainsi. Les quelques souches de châtaigniers, encore visibles au milieu des chênes verts, permettent d’affirmer que cette yeuseraie a succédé à un verger de châtaigniers. Nous avons là, la démonstration que l’omniprésence du châtaignier en Cévennes est consécutive au labeur acharné des hommes, que la châtaigneraie est un espace aménagé qui disparaît sous la pression des espèces colonisatrices quand l’entretien nécessaire ne lui est plus prodigué, surtout si le lieu ne lui est pas très favorable.

Le chêne vert est essentiellement utilisé comme bois de feu du fait de ses excellentes qualités de combustion. Il pouvait parfois être taillé en “têtard” et, dans ce cas, les feuilles étaient données aux animaux de l’exploitation agricole à la fin de la saison sèche. Cette utilisation peut être observée sur le sentier de la Roquette, autre élément de l’Ecomusée de la Cévenne. Le sous-bois comporte deux espèces d’affinité méditerranéenne : la Bruyère arborescente et le Ciste à feuille de sauge.

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Le site de la tour du Canourgue

Quand on arrive à l’extrémité de l’éperon rocheux, les derniers chênes verts semblent s’écarter pour laisser voir la tour.

Les archives les plus anciennes mentionnant le château du Canourgue datent de 1219 (mais il est vraisemblablement plus ancien, les documents étant très lacunaires...). Pendant tout le 13ème siècle, il est fief de Raymond d’Anduze puis de Raymond de Barre. Il passe ensuite sous l’autorité conjointe du roi de France et de l’évêque de Mende. Les fouilles archéologiques n’ont pas permis de dater l’époque exacte de sa construction mais permettent de situer celle de son abandon à la fin du XIVème siècle, ou au début du XVème siècle, datation reposant sur  les fragments de vaisselle culinaire retrouvés (pichets et marmites en provenance de St-Quentin-La-Poterie, près d’Uzès). Sa capacité défensive ne doit pas être surestimée : si une dizaine de personnes en armes pouvait le défendre, la même troupe, assez déterminée, pouvait assurément l’assiéger et le prendre... Bien qu’il s’agisse d’un ouvrage de défense, il permettait surtout aux seigneurs d’imposer leur autorité de manière symbolique par une bâtisse dont le caractère fortifié s’affirme avec éclat dans la vallée. Mais il s’agit aussi d’une “demeure” seigneuriale : aucun texte n’évoque cet aspect concernant la tour du Canourgue mais il existe, dans d’autres contextes, des documents qui évoquent le nombre de personnes vivant à l’intérieur d’édifices de volume comparable (entre 20 et 30 personnes...), la distribution des fonctions selon les étages (l’étage “noble” est situé en hauteur), l’aménagement intérieur (tapisseries sur les murs, braseros, coffres à linge, herbes odoriférantes au sol etc.).

 

Gites en Cévennes - Tour du Canourgue détails

 

Point 6

L’ampleur de l’ensemble fortifié était beaucoup plus grande que les vestiges ne le laissent supposer. Le sentier franchit d’abord le fossé de défense qui protégeait le château : c’est le seul côté où l’abrupt de l’escarpement rocheux ne suffit pas à défendre le site. La base du mur s’élève sur un rocher taillé, renforcé par un “fruit” (l’inclinaison) qui permettait en outre de faire rebondir vers les assaillants les projectiles lancés du haut de la tour.

Les trous, régulièrement espacés, qui percent la maçonnerie, sont les supports de l’échafaudage utilisé lors de la construction. Les pierres ont été liées par un mortier à la chaux de bonne qualité incluant un granulat d’assez gros calibre.

 

Point 7 et 8

A cet endroit se trouvait un bâtiment carré qui commandait l’accès à la tour : l’escalier a été dégagé au cours des fouilles archéologiques.

 

Point 9

Au débouché de l’escalier du côté de la vallée s’élevait un bâtiment partiellement en surplomb. Au sol, dans un emplacement taillé en creux, se trouve une meule de moulin (en grès) bloquée dans son socle par un assemblage de dallettes de schiste disposées de chant. Il s’agit probablement d’un réemploi comme sole de four mais les recherches n’ont pas permis d’y voir une destination très claire : four à pain ? Four destiné à d’autres usages ? On ne sait...

 

Point 10

Entre l’escalier et la porte d’entrée de la tour, des murs en chicane et un corridor étroit, entrecoupé de portes, renforçaient la défense du donjon. Sur la façade, outre des meurtrières et une fenêtre, s’ouvrent une série de deux fois deux trous : il s’agit vraisemblablement de l’emplacement d’une galerie en bois (hourd) construite en encorbellement pour surplomber l’accès.

A l’intérieur, au premier étage, la taille des ouvertures laisse à penser qu’il s’agissait, malgré un espace restreint, d’un lieu d’habitation. Au dernier niveau, le départ de la voûte est souligné par une corniche décorative, exacte réplique de celle ménagée dans le donjon de la Garde-Guérin (au nord de Villefort).

La restauration commanditée par le Parc national des Cévennes, sous l’autorité de l’Architecte des bâtiments de France, a permis de reconstruire la partie voutée qui supporte la couverture(grâce au travail d’une entreprise de St Roman de Tousque). Le toit à deux pentes correspond au modèle le plus fréquent de couverture de ce type d’édifices. La tour crénelée en terrasse est une mode de la deuxième moitié du XIXème siècle (Romantisme) et du début du XXème siècle.

Les seigneurs du Canourgue devaient, comme ceux, voisins, du château de Calberte, vivre des revenus de leurs terres c’est à dire des redevances versées, en nature surtout, par les paysans qui cultivaient les terres qui faisaient partie du domaine du seigneur :

– redevances en châtaignes surtout, voire en seigle (cultivé sous les châtaigniers), en fruits (noix, prunes...), en vin (peu) et produits de l’élevage (essentiellement du porc),

– une fois l’an, à date fixe, ces paysans (libres), qui vivaient dans les différents mas de la vallée, venaient apporter au donjon les redevances dues,

– certains d’entre eux cultivaient les terrasses proches du château et habitaient dans le village construit à ses pieds mais, vraisemblablement, se trouvaient là aussi de nombreux corps de métiers dans un contexte social plutôt “aisé”

(à St Germain de Calberte, l’étude des documents a permis d’identifier : un chapelier, un notaire, un apothicaire, un forgeron etc.).

Le site est abandonné au XIVème siècle, qui se caractérise par une période de troubles généralisés : guerre de Cent Ans, peste noire, famine, affaiblissement démographique, désertion des hameaux etc. … Le paysage lui-même retranscrit ce reflux du peuplement de la campagne française, de larges étendues défrichées et cultivées sont abandonnées et reconquises par la forêt. Mais à la fin du siècle, un mouvement inverse s’amorce et se traduit en particulier par une recherche d’habitat plus confortable, d’accès plus facile, où le caractère défensif du site n’est plus un critère incontournable. C’est à cette époque que le château du Canourgue et celui de Calberte sont abandonnés

 

Point 11 - La gourgue

Un bassin creusé dans le rocher permet de recueillir l’eau qui suinte des lames de schiste. Bien que modeste par son débit (à moins que celui-ci n’ait diminué par manque d’entretien), cette source constituait un appoint essentiel en eau dans ce milieu méditerranéen. Elle permettait d’irriguer les terrasses voisines et d’arroser le potager du hameau du Canourgue. Le terme de “gorgo” est employé en occitan pour désigner aussi bien un réservoir artificiel qu’un bassin naturel.

 

L’hypothèse de la tour à signaux

La tour du Canourgue est présentée parfois comme une “tour à signaux” sur le modèle des tours situées près du littoral (en Catalogne, en Corse...) qui permettaient de surveiller l’éventuelle arrivée des “Barbaresques”, en fait, une sorte de phare permettant de communiquer par le moyen de feux. Ce dispositif supposait une organisation commune et une solidarité entre les seigneuries. Ce n’est pas exactement le cas de figure le plus fréquent dans les Cévennes entre les XIème et XIVème siècles où alliances, contre-alliances et conflits se succèdent. Si on a pu utiliser la tour du Canourgue pour émettre des signaux, ce n’est manifestement pas sa fonction première et cela n’est pas encore attesté par les textes.
 


Source : Plaquette du Parc National des Cévennes - Florac 2007 

Texte rédigé avec la collaboration d’Isabelle Darnas, archéologue médiéviste responsable des fouilles de la Tour du Canourgue,Centre interuniversitaire d’histoire et d’archéologie médiévale Lyon II.
“Le castrum de Calberte”, archéologie du midi médiéval, tome X.
Dessin O. Prohin

Ce site est l’un des lieux de visite de l’écomusée de la Cévenne qui propose musées, expos, sentiers, sites aménagés, monuments historiques…
Renseignements auprès des centres d’information du Parc et offices de tourisme.

Gîtes en Cévennes - Ecomusée de la Cévenne




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